Médecin en consultation dans un CLSC au Québec

Réforme de la rémunération des médecins : vers une médecine à deux vitesses?

May 16, 20252 min read

Réforme de la rémunération des médecins au Québec : vers une crise silencieuse?

La récente annonce du projet de loi 106 visant à modifier la rémunération des médecins de famille au Québec a provoqué une onde de choc dans la communauté médicale. Cette réforme, introduite par le ministre de la Santé Christian Dubé, propose de lier la rémunération des omnipraticiens à leur performance collective, créant ainsi de vives inquiétudes quant à l’équité et la viabilité du système.

Parmi les voix qui s’élèvent, celle de la Dre Isabelle Gaston, médecin de famille au CLSC de Montréal, fait écho à une réalité trop souvent ignorée : le risque de stigmatiser des professionnels déjà vulnérables.

L’invalidité partielle : une réalité méconnue

La Dre Gaston, aujourd’hui âgée de 52 ans, vit avec les séquelles d’un traumatisme post-événement grave et reconnu. Malgré une invalidité partielle, elle continue de suivre près de 400 patients avec rigueur et humanité. Ses 30 heures de travail par semaine, bien qu’intensives, ne suffisent pas aux yeux du nouveau cadre gouvernemental qui considère ces médecins comme "moins productifs".

Cette réforme ne tient pas compte des conditions médicales, psychologiques ou familiales qui limitent la capacité de travail de plusieurs médecins. En imposant des objectifs de volume, elle risque de pénaliser injustement ceux qui offrent des soins complexes à des patients vulnérables.

La réforme véhicule un message dangereux : plus un médecin voit de patients, plus il est considéré "performant". Cette logique quantitative va à l’encontre des réalités cliniques et de l’éthique médicale, surtout dans des cas d’interventions longues et multidimensionnelles comme les suivis en santé mentale, en soins palliatifs ou en contextes de pauvreté.

Peut-on vraiment mesurer la qualité des soins à la cadence des rendez-vous? La réponse, pour les cliniciens de terrain, est un non catégorique.

Une pression croissante sur les professionnels de la santé

Dans un contexte post-pandémique déjà marqué par une pénurie de personnel et une fatigue professionnelle généralisée, cette réforme risque de décourager une génération de médecins. Plusieurs, comme Dre Gaston, envisagent sérieusement de quitter le Québec pour exercer dans des pays où leur expertise est reconnue sans être conditionnée à des quotas.

Les répercussions de cette réforme pourraient être lourdes pour les citoyens québécois : augmentation du nombre de patients orphelins, détérioration de la relation médecin-patient, et départ de professionnels expérimentés vers d'autres systèmes de santé plus souples.

Clinique Omicron : notre position

À la Clinique Omicron, nous croyons en une approche de soins centrée sur la personne, non sur le volume. Nous soutenons les professionnels qui, malgré des limitations personnelles, offrent des soins d’une grande qualité humaine et technique. Nous réaffirmons que la complexité clinique doit primer sur la quantité, en particulier dans un système de santé déjà fragilisé.

Alors que le Québec s’apprête à redéfinir le rôle de ses médecins, il est crucial d’adopter une approche nuancée, humaine et éthique. La performance ne devrait jamais être mesurée uniquement en chiffres, mais bien en impact réel sur la santé et la dignité des patients.

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